Pourquoi un comité
de la condition des hommes ?

Lors de la rencontre annuelle des responsables régionaux tenue à Québec en mai, cette question a été posée par certains représentants qui s’interrogeaient sur la pertinence de deux comités distincts, l’un de la condition des hommes, l’autre, de la condition des femmes: un seul comité, celui de la condition humaine, ne permettrait-il pas d’atteindre les mêmes objectifs en regroupant des membres intéressés des deux sexes ?

Très vite, le consensus s’est fait : les deux comités doivent exister de façon autonome pour que chacun puisse atteindre les objectifs spécifiques qu’ils entendent poursuivre.  Certes, des thématiques, comme l’indexation, la place des aîné(e)s, l’environnement et le dossier santé, des sujets touchant hommes comme femmes, donnent lieu à des comités distincts car ils  représentent des préoccupations communes.  D’autres, comme le désintéressement face à la chose politique, mourir en toute dignité, les services aux gens en perte d’autonomie, peuvent être le fait du comité sociopolitique.  Toutefois, il est clair que certains, comme le combat contre la publicité sexiste, sont des sujets, à priori, qui concernent les hommes comme les femmes, mais de façon très différente : les approches «publicitaires » qu’il faut dénoncer ne sont pas les mêmes: d’une part, l’utilisation du corps féminin comme élément accrocheur, d’autre part, une approche pseudo-humoristique proposant une image avilissante des travers masculins.  Enfin, il existe des sujets qui devraient être des préoccupations spécifiques aux hommes, car ils touchent des réalités exclusivement masculines : les statistiques fournissent beaucoup de ces thématiques : le décrochage scolaire, le taux de suicide, les problèmes liés au déclin des fonctions sexuelles, la judiciarisation des problèmes conjugaux et familiaux.

En fait, se poser la question, c’est y répondre.  Il est très révélateur, voire symptomatique, que ce thème soit abordé lors de la réunion nationale du comité de la condition des hommes ; jamais il n’aurait été soulevé lors de celle du comité de la condition des femmes.  Il existe des comités sectoriels de la condition des femmes dans toutes les unités régionales, alors que celui de la condition des hommes n’est présent que dans le tiers.  Qu’est-ce à dire?

D’une part, qu’il reste certainement des situations problématiques qui amènent les femmes à poursuivre des luttes légitimes pour faire valoir leurs droits, d’autre part, que pour des raisons difficiles à saisir, les hommes ne sentent pas le besoin de se regrouper pour dénoncer certains aspects pervers de l’évolution des mentalités, il est à se demander pourquoi ils ne revendiquent pas dans l’opinion publique, eux aussi, certains droits.  Pourtant les causes ne manquent pas ; peut-être devrions-nous nous  inspirer du puissant lobby féminin.  Ainsi, les sommes amassées pour la lutte contre le cancer du sein, bien mises à profit par la recherche, devraient apporter des solutions bien avant que celle contre le cancer de la prostate ne puisse profiter des résultats de campagnes sérieuses de sollicitation.  Sommes-nous honteux de parler de nos problèmes érectiles, ou tout simplement trop orgueilleux pour reconnaître la nécessité de se regrouper.  Les problèmes semblent là pour perdurer, il faut réagir.

Les membres masculins de l’AREQ ne sont pas différents : la mobilisation n’est pas facile.  Pourrions-nous organiser une activité aussi importante que la marche des femmes à tous les niveaux (surtout régional et national) ?  Permettez-moi d’en douter.  Il faut donc nous mettre au travail.  Première étape, compléter nos comités sectoriels ; en second lieu, explorer de nouvelles pistes pour intéresser les hommes, les sensibiliser à des causes communes, les informer sur des besoins répertoriés et établir une liste de sujets de conférence. Enfin, au niveau sectoriel, à l’AREQ du Vieux-Longueuil, poursuivre les démarches amorcées, être à l’écoute des « problèmes » potentiels par les cafés-rencontres au masculin certains 3e lundis du mois (le prochain étant lundi le 18 octobre), la production de capsules de réflexion, la mise sur pied d’un site internet réservé (lancement prévu pour le 15 novembre 2010) et une activité intersectorielle, en début de 2011, portant sur la sexualité « masculine »  à l’âge de la retraite.  Bref, être à l’écoute, répondre aux besoins, se mobiliser et agir, tout un programme à la mesure de notre engagement en tant qu’homme du XXIe siècle. 

Louis-Philippe Grenier